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Culture

L’Orthodoxie

Le mot Orthodoxie, selon l’étymologie grecque, provient de orthos qui signifie droit et de doxa qui veut dire opinion, jugement, estime et gloire. Les Pères grecs utilisent le mot Orthodoxie pour désigner l’Eglise ; ils entendent par ce terme manifester la louange dans la Vérité. Le mot orthodoxe est donc synonyme de vraie foi et vraie gloire (ou vrai culte). Pour les orthodoxes, leur Eglise est dépositaire de la vraie foi qui glorifie Dieu comme il doit l’être, et la considère comme l’Eglise du Christ sur la terre. L’exigence de l’Eglise orthodoxe est d’être une Eglise universelle, non pas exotique ou orientale, mais simplement chrétienne. La plus importante profession de foi de tous les Conciles œcuméniques est le Credo de Nicée (325) Constantinople (381) dont le 6ème Concile (680) confirmera le caractère d’autorité en tant que « règle de foi » la plus parfaite. Lu à chaque célébration eucharistique tout comme chaque jour à l’office de minuit et des complies, il confesse donc solennellement les dogmes chrétiens qui, avec la Bible, possèdent une autorité irrévocable et permanente en tant que définitions doctrinales des Conciles œcuméniques.

Dans l’Eglise orthodoxe, aujourd’hui comme aux premiers siècles, les trois sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, chrismation ou confirmation et communion) sont étroitement liés. Un orthodoxe, sans distinction d’âge, qui devient un membre du Christ, en reçoit en même temps tous les privilèges. Le baptême est conféré par triple immersion. La liturgie habituelle des dimanches et des jours de semaine est la liturgie de Saint Jean Chrysostome. Sont aussi utilisées les liturgies de Saint Basile le Grand, de Saint Jacques frère du Seigneur et la liturgie des Présanctifiés pendant les jours de semaine du grand Carême à l’exception des dimanches, du jeudi saint et du samedi saint ; c’est une liturgie sans consécration, à laquelle la communion est donnée avec des éléments consacrés le dimanche précédent.

Le sacrement de l’onction des malades (en grec euchelaion, huile de prière) apporte non seulement la guérison du corps, mais aussi le pardon des péchés (voir 1 Jacques V/14-15). Ce sacrement est destiné à n’importe quel malade, quelle que soit la gravité du cas. En outre, tous les chrétiens orthodoxes le reçoivent une fois l’an en semaine sainte. Pour le P. Serge BOULGAKOFF (L’Orthodoxie p.162) ce sacrement a deux faces : l’une tournée du côté de la guérison, l’autre du côté de la délivrance de la maladie par la mort.

Les diacres et les prêtres peuvent être mariés pourvu que le mariage précède l’ordination. Les évêques sont choisis parmi les moines. Un veuf peut devenir évêque s’il prononce les vœux monastiques.

L’évêque seul peut ordonner, le sacre d’un nouvel évêque doit être fait par deux ou trois évêques au minimum. L’assemblée toute entière, c’est-à-dire tout le peuple de Dieu présent, approuve les ordinations en criant « AXIOS » il est digne.

LA MÉTANOIA

La spiritualité orthodoxe ignore l’acquisition des mérites. Pour l’orthodoxie, grâce et liberté humaine se manifestent simultanément. Le don de Dieu, puis le libre choix de l’homme de l’accepter, de l’intégrer dans sa vie. Donc, grâce et liberté ne peuvent être conçues l’une sans l’autre et comme la grâce de Dieu ne peut habiter dans les hommes qui fuient leur salut, la vertu humaine n’est pas non plus suffisante pour élever à la perfection les âmes étrangères à la grâce (saint Grégoire de Nysse). C’est en ce sens que la spiritualité orthodoxe ne connaît pas l’acquisition des mérites.

Pour l’orthodoxie, la sainteté est participation à la présence divine et le saint est un pénitent, un pécheur toujours plus conscient d’être le premier des pécheurs et par-là même ouvert à la grâce. La vie de la sainteté est donc celle du repentir qui est la seule porte de la grâce (Isaac le Syrien). Toute la spiritualité orthodoxe passe par la métanoia et toute la technique de la prière est greffée sur la métanoia. Ce mot grec englobe et dépasse la notion courante du repentir, parce qu’il désigne surtout le retournement de l’esprit comme moyen conscient de l’existence personnelle. L’homme avait construit le monde autour d’un moi individuel ou collectif, la projection de l’amour de Dieu sur son ego, sur son moi. Avec la métanoia, l’homme met l’absolu au centre de son existence. L’absolu, c’est Dieu et, dès cet instant il découvre sa propre misère, il explore ses abîmes qui sont peuplés de monstres, il implore la grâce qui, oriente vers la foi et l’espérance, non vers le néant. C’est tout ce retournement de l’être dès l’instant où soi, esprit, en grâce de l’absolu, prend conscience objectivement de sa misère. C’est cela la métanoia. A ce moment là l’homme devient réceptacle de la grâce ; alors le cœur durci de l’homme va fondre dans les larmes, ce don qui rappelle l’eau purificatrice du baptême.