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History

La présence grecque en Gaule

En l’an 600 avant J.-C., des Grecs de Phocée, originaires d’Ionie, région grecque d’Asie mineure, fuient l’avancée des armées perses et débarquent en Provence, près de l’actuelle Marseille.
Ils s’allient à la tribu locale des Ségobriges, dirigée par le chef Nannus, et batissent ainsi la première ville gallo-grecque, ou plus exactement liguro-grec, les populations de la région de Marseille étant vraisemblablement des Ligures, du nom gaulois Massalia (« la demeure salienne »), manifestant ainsi le respect qu’il avait pour la terre où il s’installe.
La ville grossit par une nouvelle arrivée de familles grecques de Phocée. Ils apportent en Gaule la culture des vignobles, de l’olivier, le savon, les temples et dieux grecs.
La vigne était déjà connue en Gaule mais jusqu’à l’arrivée des Grecs le vin n’y était pas produit ; il était seulement importé par les divers peuples commerçants de Méditerranée.
Les Grecs de Massalia fondent une multitude de cités sur l’actuelle Côte d’Azur, notamment : Nikaia (Nice), Antipolis (Antibes), Cytharista (La Ciotat), Agathè (Agde) et Olbia (Hyères), ainsi qu’en Corse. La ville d’Alalia (Aléria) y survivra jusqu’à sa destruction par les Vandales au Vème siècle après Jésus-Christ.
Les Grecs apportent aussi leur alphabet, que les gaulois s’approprient et utilisent tel quel. On retrouve l’utilisation des caractères grecs parmi les tribus gauloises helvètes.
Les inscriptions « gallo-grecque » sont pléthore partout en Provence et l’on en trouve dans le reste de la Gaule. Rappelons que l’on trouve également en Gaule des inscriptions ibères et étrusques. Les caractères et la civilisation étrusque étaient eux-mêmes largement inspirés de ceux utilisés par les Grecs.
La ville grecque de Massalia devient un grand centre commercial qui s’illustre par ses artisans et ses explorateurs.
Les Grecs ouvrent partout des « emporia », des comptoirs de commerce, en Espagne et en Etrurie (Tarquinia)… Mais à Marseille, ils forment une puissante cité équipée de remparts, de machines guerre sophistiquées, de greniers publics, de citernes, d’un grand port d’où ses navires partent faire la guerre, commercer, chercher l’aventure. Les Grecs de Provence sont nombreux et se maintiennent pendant plusieurs siècles.
« Sous l’influence des Phocéens, les Gaulois adoucirent et quittèrent leur barbarie et apprirent à mener une vie plus douce, à cultiver la terre et à entourer les villes de remparts. Il s’habituèrent aussi à vivre sous l’empire des lois plutôt que sous celui des armes, à tailler la vigne et à planter l’olivier, et le progrès des hommes et des choses fut si brillant qu’il semblait non que la Grèce eût émigré en Gaule, mais que la Gaule eût passé dans la Grèce » Justin (XLII, IV 1-2).
Les Grecs exploitent la route commerciale fluviale du Rhône (qu’ils appellent « Rhodanos »).
D’une manière générale, la Gaule s’imprègne de l’apport culturel grec qui précède la conquête de Rome.
Lors de la conquête romaine, Massalia est totalement épargnée par les légions. Rome lui attribue même plusieurs territoires gaulois, en remerciement de la solidarité historique que la ville avait manifestée pour la cité impériale après que celle-ci ait subi les invasions gauloise (390 avant J.-C.) et carthaginoise (155 avant J.-C.).
Ce furent aussi deux évangélisateurs grecs qui introduirent les premiers le Christianisme en Gaule : Irénéos et Pothinos.
Aux temps des persécutions anti-chrétiennes, Pothinos fut supplicié par le pouvoir romain à Lyon, avec ses disciples gaulois dont la plus connue est Blandine, jeune esclave de Lyon qui aurait été originaire d’Asie mineure, et qui sera plus tard canonisée.
Les historiens du christianisme rappellent qu’après la fin des persécutions, la messe se faisait souvent en grec dans plusieurs églises de Provence.
A l’époque de l’église unie, celle qui connut plusieurs Papes grecs. Avant le schisme qui sépara catholiques et orthodoxes.
L’apparence et les premières fresques des premières églises de style roman que l’on retrouvait sur le territoire de la Gaule, sont assimilables par bien des aspects aux églises orthodoxes actuelles.

Source https://philiki.org/2013/07/21/278/